OGM : le parlement suisse a perdu la raison !

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Le Conseil national et le Conseil des États ont décidé [1] de prolonger le moratoire de quatre ans qui interdit la culture d’OGM en Suisse. Certains membres de la commission demandaient même que ce moratoire soit définitif, d’autres le voulaient pour huit ans. Le débat n’a porté que là-dessus car, on le sait bien, les élites élues suivent les sondages et n’ont pas d’opinion propres (ou sales). L’expérimentation n’est pas non plus autorisée, sauf dans des cas demandant une autorisation spéciale.

Dans la même semaine le Conseil national a montré une incohérence très remarquable : il a nié les rapports scientifiques exposant la bénignité des risques liés aux OGM et s’est appuyé sur une science dictée par des experts pour approuver la ratification de l’accord de Paris sur le climat.Elles ne comptent pour rien les recherches sérieuses faites en Suisse par des agronomes et biologistes dont l’indépendance est indubitable ; par contre il faut croire avec une foi indéfectible les aréopages d’experts totalement dépendants et biaisés dictant la science au nom d’objectifs climatiques douteux.

Pourtant depuis le premier moratoire, lui voté par le peuple en 2005, un projet national de recherche a été mené qui est l’une des plus sérieuses études qui ait été faites sur le sujet dans le monde. C’est le PNR 59 [2], qui a couté 12 millions de francs ; on y parle de PGM, plantes génétiquement modifiées, ce qui est plus précis qu’OGM.

Il n’y est pas dit que les risques sont inexistants, ce serait contraire au nécessaire doute scientifique. Néanmoins les conclusions sont très claires :

« Aucun des effets négatifs identifiés n’est une conséquence spécifique du génie génétique. Tous apparaissent également dans la culture conventionnelle ou dans le cadre d’une exploitation agricole inappropriée.

Jusqu’à présent, les observations à long terme et de nombreuses études scientifiques n’ont pas révélé d’effets négatifs de PGM commercialement utilisées.

Le recours à du maïs Bt peut avoir des effets positifs sur la santé. Il est de nature à conduire à une diminution de la concentration de mycotoxines neurotoxiques ou cancérigènes dans les denrées alimentaires et les fourrages.

Bien que le génie génétique vert soit déjà appliqué depuis environ quinze ans, il continue à passer pour une nouvelle technologie à risques.

Les réserves émises envers le génie génétique dans l’agriculture contrastent avec le fait que, jusqu’à présent, aucune des répercussions redoutées sur l’environnement et la santé n’est survenue.

Grâce aux nouvelles techniques, la modification génétique n’est plus décelable dans les plantes destinées à la culture. Par conséquent, qualifier ces plantes de génétiquement modifiées n’est correct que sous certaines réserves.

De nouvelles méthodes dans le génie génétique vert sont en mesure de contribuer à l’amélioration de la biosécurité.

Les PGM sont propres à réduire les frais de production dans l’agriculture suisse, particulièrement si le semis direct est introduit concurremment.

Les dépenses occasionnées par les mesures de coexistence sont faibles, comparées aux coûts totaux de production. Et elles pourraient encore être réduites en créant des zones de production de PGM.

Le bénéfice additionnel des PGM, considéré par rapport au revenu total d’une exploitation, est relativement faible et ne dépasse jamais la somme versée aux agriculteurs dans le cadre des paiements directs
. »

Il y a donc ce seul dernier bémol, utile à savoir pour le secteur agricole suisse et fortement subventionné :

« En Suisse, l’utilité économique des PGM actuellement disponibles serait plutôt faible. La culture de plantes génétiquement modifiées se révèle rentable pour de nombreux agriculteurs, tout au moins dans les pays où de telles plantes sont aujourd’hui déjà utilisées. Pour les paysans suisses, une reconversion à la culture de plantes transgéniques serait toutefois peu lucrative, compte tenu de la situation prévalant chez nous en matière de maladies et de ravageurs ainsi que des plantes présentement à disposition. Mais, à l’avenir, cette situation pourrait changer. »

On peut donc comprendre que, n’ayant pas de surfaces agricoles exposées aux exigences de la productivité, le retour sur le coût à payer pour des semences OGM ne soit pas attractif dans notre pays. Mais s’il en était ainsi dans le reste du Monde, l’agriculture aurait bien plus de peine à faire face aux besoins alors que les surfaces agricoles ne croissent pas.

Cependant ne pas faire une chose peu rentable n’exige pas qu’on l’interdise. Alors il est argumenté que la population serait très majoritairement opposée aux OGM, selon une enquête d’opinion dont on ne sait ni les termes ni les biais. Et c’est sur cette base-là qu’une interdiction définitive devrait être décidée, un Technologieverbot ? Simplement sur la foi que les gens n’aiment pas le concept alors que depuis longtemps plus personne ne leur a expliqué de manière sobre de quoi il retourne, et qu’entre-temps le matraquage anti-développement et anti-progrès n’a pas cessé ?

On objectera le principe de précaution : l’étude NFP 59 est pourtant exactement ce qui a répondu aux questions du précautionneux. Que lui faut-il de plus ?

La verte Adèle Thorens a menti effrontément lorsqu’elle a prétendu que ce rapport ne comportait pas de réflexions sur les risques. Et la verte libérale (sic) Isabelle Chevalley n’a rien lu ni appris lorsqu’elle dit : « le risque de contamination serait très grand ».
Des menteuses vertes, on préfère la fée de la même couleur !

L’enquête d’opinion assassine la démocratie : elle fait croire que le peuple a des désirs sans s’assurer que le débat ait eu lieu. L’emploi de telles méthodes pour gouverner est un pur abus de pouvoir. Certains coups de gueule sont donc bien justifiés, tel celui du Conseiller national Fathi Derder, membre bien isolé de la commission ayant étudié ce dossier.

Pendant ce temps 180 millions d’hectares (44 fois la surface de la Suisse, alpes et lacs compris, ou 3,3 fois la France métropolitaine) de maïs, soja, colza et coton sont plantés dans le monde avec des semences OGM, principalement aux USA, Brésil, Argentine, Inde et Canada. La part de marché des OGM dans ces cultures et ces pays y est proche de 100%. Tous ces agriculteurs seraient-ils des imbéciles au service de méchants Frankensteins, ou des salauds de la dernière espèce alors que seuls les petits Suisses sauraient distinguer le bien du mal absolu ? Depuis maintenant plus de vingt ans personne n’en est mort et les papillons continuent de papillonner.

Hystérie [3] génétique et climatique : quand décidera-t-on enfin un moratoire sur la connerie ?

[1] Résumé des débats : https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20160056
[2] Voir ici : http://www.nfp59.ch/f_index.cfm
[3] Hystérie : état névrotique caractérisé par des crises nerveuses, des manifestations de type convulsif et d’autres désordres corporels survenant en l’absence de toute lésion organique, et qui s’accompagne souvent de divers troubles psychiques (dictionnaire de l’Académie française, 9ème édition)

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